Pourquoi lire Le Nouvelliste quand on a Facebook?

La presse souffre de la concurrence des réseaux sociaux, nous dit-on régulièrement. Et c’est sûrement vrai. C’est pourquoi je m’interroge quand mon quotidien régional, Le Nouvelliste, assure une promotion sans relâche de Facebook.

Dernier exemple en date, parce que le sujet m’intéresse depuis longtemps: l’élargissement des zones 30 km/h de la capitale cantonale, Sion, à 30 km/h. Je passe rapidement sur le traitement habituel : journalisme de porte-voix, où je tends simplement le micro aux promoteurs et ensuite aux détracteurs, sans m’intéresser moi-même au fond du sujet. Ce ne sont pourtant pas les exemples (Lyon, Bologne, qui, après un an de mise en œuvre de la limitation à 30 km/h, a enregistré une réduction de 50 % des décès sur la route et où, pour la première fois depuis 1991, aucun décès de piéton n’a été signalé. Les accidents ont diminué de 13 % et les blessures graves de 38 %) ni les études et articles documentés qui manquent sur le sujet (30 km/h et effets sur le commerce urbain). Rappeler quelques faits aurait fait du bien à cet article.

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Mais revenons à Facebook, où le Nouvelliste partage les liens vers ses articles. Celui consacré à l’élargissement des zones 30 km/h à Sion y récolte plus de 200 commentaires. Comme toujours, ce ne sont pas les plus virulents qui sont les mieux documentés et cela ne vole pas toujours très haut. Cela n’empêche pas Le Nouvelliste de consacrer un nouvel article sur les commentaires des gens sur Facebook, le sujet faisant «débat sur les réseaux sociaux». Déjà, il aurait été plus correct d’écrire Facebook plutôt que «réseaux sociaux», car c’est la seule plateforme citée. Donc, si je résume, Le Nouvelliste publie un article qui suscite des commentaires sur Facebook, puis écrit un article sur ces mêmes commentaires (il oublie même les sept commentaires, d’ailleurs plus pondérés, sur son propre site internet), incitant encore les lecteurs à se rendre sur Facebook.

C’est vraiment cela que je ne comprends pas. Si Le Nouvelliste voulait que l’on se rende directement sur Facebook plutôt que sur son site, il ne s’y prendrait pas autrement. Et si je suis abonné au Nouvelliste, entre autres sources d’information, c’est que j’accorde encore une certaine crédibilité à la presse «traditionnelle». Mais, si, en m’éloignant des «réseaux sociaux», dont Facebook, j’y retrouve les mêmes débilités, j’y vois toujours moins d’intérêt.